- pourlécher
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1 ♦ Vx Lécher tout autour de.♢ Fig. et vx ⇒ lécher, parfaire. « Bixiou eut la patience de pourlécher un chef-d'œuvre » (Balzac).2 ♦ Mod. SE POURLÉCHER : se passer la langue sur les lèvres (en signe de contentement avant ou après un bon repas). Le chat se pourlèche. Se pourlécher les babines (cf. S'en lécher les babines).pourlécher (se)v. Pron. Se pourlécher les babines: se délecter à la pensée d'une bonne chose à manger (par ext., à la pensée d'un plaisir quelconque).⇒POURLÉCHER, verbe trans.A.— 1. Lécher (v. ce mot I A 1) longuement, avec insistance. Ces chiens perdus qui furent réputés toute leur vie méchants et dangereux et qui aujourd'hui vous pourlèchent (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 141). La chatte était couchée (...) dans un panier (...) où grouillaient de petites boules de poils gluants qu'elle léchait et pourléchait de sa langue râpeuse (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1056).2. Au fig., littér., souvent au part. passé. Achever et polir (un ouvrage) avec un soin excessif. Synon. lécher (v. ce mot I B 2). Un tableau chéri, pourléché dans l'atelier, caressé par le peintre, est envoyé dans le vaste bazar du Louvre, à l'Exposition (BALZAC, Ptes mis., 1846, p. 31). Mon Narcisse est fini. Je ne sais qu'en penser. Il est pourléché et je n'y saurais rien changer que tout (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1891, p. 134). S'arrêtant de temps à autre sous un réverbère pour déchiffrer un distique, dont il rumine et pourlèche la traduction en marchant (MARTIN DU G., Notes Gide, 1951, p. 1419).B.— Empl. pronom., souvent littér.1. réfléchia) réfléchi dir. [Le chat] se pourlèche, il ronronne et miaule (ROLLINAT, Névroses, 1883, p. 105).— En partic. Passer longuement, avec insistance, sa langue sur les lèvres en signe de satisfaction devant ou à l'idée d'un mets succulent. Ils se pourléchaient en vantant les rillons, ces résidus de porc sautés dans sa graisse et qui ressemblent à des truffes cuites (BALZAC, Lys, 1836, p. 9). Merveille [la cuisinière] ne mentait pas à sa réputation; je me pourlèche encore à la seule musique des syllabes de son nom (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 260).♦ Se pourlécher de qqc. Se régaler de quelque chose. Maurice et Nina, qui se sont pourléchés de tes fromages, t'envoient leurs amitiés (SAND, Corresp., t. 5, 1867, p. 170). Un tas d'os dont les chiens se pourlèchent (QUENEAU, Si tu t'imagines, 1952, p. 131).♦ Au fig. Se pourlécher (de qqc.). Se réjouir, être très satisfait (de quelque chose). Se pourlécher à l'idée que... [Véronique] s'était pourléchée dans sa crapule, et, gavée d'infamies, elle en avait infatigablement redemandé (BLOY, Désesp., 1886, p. 102). Tu voudrais que je te confiasse tout mon argent. Merci! et m... aux maquereaux qui s'en pourlécheraient (VERLAINE, Corresp., t. 2, 1893, p. 320). Il se pourlèche de tuer son homme avec un discours (MONTHERLANT ds Lar. Lang. fr.) :• Si le Public écoutait les paroles, pourrait-il subir des horreurs comme les traductions de Rigoletto et de la Traviata, où le mot et la note sont en perpétuelle contradiction? Il fait mieux que de les subir, il s'en délecte, il s'en pourlèche.SAINT-SAËNS, Portr. et souv., 1909, p. 326.b) réfléchi indir. Se/s'en pourlécher les babines, fam. (v. babine), les badigoinces (pop., vx), les lèvres (v. lèvre).2. réciproque. Ces animaux tremblants et tout émus, (...) Se hument longuement, se pourlèchent, s'embrassent, Corne à corne, et joignant leurs gros museaux camus (ROLLINAT, Névroses, 1883 p. 173). Niska, durant les périodes de rut, fuit les chiens que son odeur attire (...) mais court après Bellone et, lorsqu'on les laisse ensemble jouer, se pourlécher, s'exciter, la période de rut est indéfiniment prolongée (GIDE, Journal, 1926, p. 821).REM. 1. Pourlèchement, subst. masc., rare. Action de se pourlécher (supra B 1 a). Certaine gourmandise qui savoure de petites joies, un ronronnement, un pourlèchement (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 69). 2. Pourlicher (se), verbe pronom., var. région. et vieillie de se pourlécher (supra B 1 a). Elle le reprenait (...) le berçait ou lui chantait une routine [un refrain], ou le faisait se pourlicher de quelque galette (SAND, Maîtres sonneurs, 1853, p. 241).Prononc. et Orth. :[
], (il) pourlèche [
]. Att. ds Ac. dep. 1878. Conjug. v. abréger. Étymol. et Hist. A. Pronom. a) XVe s. [ms.] « se lécher » (Évangile des Quenouilles, Paris, P. Jannet, Appendice B, p. 121 : ung chat de toutes parts pourlecque); de nouv. 1768 fig. (DIDEROT, Salon de 1767, p. 251 : il s'extasiait sottement, il souriait, il avait la convulsion, il se pourléchait); b) 1863 se pourlécher les babines (GAUTIER, Fracasse, p. 280). B. Trans. 1. 1837 fig. « parfaire, lécher » (BALZAC, Employés, p. 105); 2. 1869 « lécher tout autour » (LITTRÉ). Comp. de pour- et de lécher. Fréq. abs. littér. :34.
pourlécher [puʀleʃe] v. tr. [CONJUG. lécher. → Céder.]❖1 (Attesté XIXe). Vx. Lécher autour. || Chatte qui lèche (cit. 2), et pourlèche ses petits.1 Toujours comme ces chiens perdus qui furent réputés toute leur vie méchants et dangereux et qui aujourd'hui vous pourlèchent, je le devinais disposé à montrer ses tendresses (…)Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 141.♦ (XIXe). Fig. Exécuter soigneusement (qqch.). ⇒ Lécher, parfaire, polir.2 Bixiou eut la patience de pourlécher un chef-d'œuvre pour jouer un tour à son Sous-chef.Balzac, les Employés, Pl., t. VI, p. 942.2 Mod. || Se pourlécher : passer sa langue sur ses lèvres (en signe de contentement avant ou après un bon repas, etc.). || On s'en pourlèche. || Se pourlécher les babines.
Encyclopédie Universelle. 2012.